SLOW PARENTING
J'ai eu la chance dernièrement de discuter de slow parenting avec Sophie Ouimet, journaliste pour La Presse+. QUEL HONNEUR!
J'ai adoré partager ma pensée sur le sujet et partager comment on intègre cette vision ou ce mouvement de la parentalité avec nos garçons.
J'avais envie de partager un peu ma pensée ici depuis longtemps. D'en jaser, car prendre son temps, ça peut prendre toutes les formes.
De nos jours, nous sommes tous si occupés. Nous mettons en valeur le fait d'être occupé.
Moi la première ne me sent pas très bien avec l'idée de ne rien faire. J'essaie de ne pas imposer cette vision insoutenable du quotidien à mes enfants, mais personnellement, j'ai encore du chemin à faire de ce côté. Bien que je prenne plusieurs mois sans solde à la fin de mes congés de maternité pour repousser au plus tard possible leur entrée à la garderie, le rythme métro-boulot-dodo qui m'effraie tant (je sais, on n'a pas de métro à Québec) et que j'essaie au maximum de ne pas trop presser mes garçons au quotidien, je suis moi-même difficilement arrêtable et je dois faire un effort pour accepter qu'une journée n'aura pas aboutie à une série de choses accomplies. Vous savez, la fameuse to-do-list. Je suis une faiseuse de liste. J'en ai des centaines qui traînent partout et je ne suis satisfaite que lorsque je barre des choses faites dessus. Vous savez, FAIRE.
D'un autre côté, je suis fatiguée un peu de tous ces produits fantastiques qui sont là pour nous faire "sauver" du temps. J'ai envie de PRENDRE le temps, de dépenser mon temps à ma guise. Prendre le temps de pétrir la pâte, de fabriquer de la pâte à modeler ou de construire une maison en escargot sur le terrain et d'avoir le temps de remarquer les grands yeux ébahis de mes enfants. Ça nous permet de connecter avec la vie, avec ce qu'on aime. De connecter entre-nous, d'apprendre à nous connaître et à partager sincèrement. De nous attacher. D'être intentionnel dans nos rapports. Être intentionnel. Ne pas faire pour faire. Ne pas simplement exécuter. Un défi.
Je ne pense pas qu'on ait besoin de rester à la maison pour cela. Simplement d'être intentionnel dans notre désir de prendre notre temps, de temps en temps, avec notre famille. De se dégager du temps à l'horaire ou il n'y a simplement RIEN. Du temps avec rien, où les gestes et désirs spontanés de nos tout-petits pourront être vus, ressentis, accompagnés. Je pense fortement que les enfants ont besoin de beaucoup d'espace de temps vide pour faire les liens entre tout ce qu'ils apprennent au quotidien et pour intégrer tout cela. Tout digérer.
C'est gros, la vie de tous les jours. C'est rempli de détails anodins mais magnifiques quand on s'arrête quelques minutes.
J'adore regarder Paul boire dans son verre assis à la table. Je sais, j'en ai déjà parlé mais c'est une des choses les plus cutes du monde. Le contrôle qu'il acquiert peu à peu pour prendre le verre, le porter à la bouche, doser la quantité de liquide dans le verre afin de le pencher juste assez pour sa gorgée, sa petite bette fière à chaque gorgée, chaque fois qu'il dépose délicatement son verre sur la table. C'est tellement beau. Si j'étais trop pressée par la vie, je n'aurais pas le temps de me rendre compte de comment c'est beau, ça. Si j'étais trop pressée par la vie, il boirait dans un gobelet en plastique et je perdrais encore du temps à la pharmacie pour dénicher LE gobelet qui ne coule pas, dans lequel il boit bien.
Il n'y a rien de mal à donner un gobelet à son enfant. C'est juste un exemple parmi tant d'autres.
Réduire, simplifier, ça passe par plein de petites actions, plein de petits détails pour notre famille : posséder moins, épurer notre maison (j'ai pas fini!), choisir avec soin ce qui y entre, réduire le bruit, être intentionnelle dans les projets professionnels que j'accepte (ma fâcheuse tendance à m'emballer et dire oui trop vite me nuit beaucoup!), déconnecter des produits électroniques régulièrement.
Avant, je passais les minutes avant de m'endormir à gosser sur le iPad, à faire le tour d'Instagram, Facebook et Pinterest. Peu à peu, je me suis mise à me plaindre de mal dormir. Quand j'ai fait le lien et que j'ai repris ma bonne habitude de lire un bon bouquin PAPIER et de m'endormir dessus, j'ai retrouvé un sommeil paisible (tant que personne ne se réveille la nuit, évidemment!). Quelle différence a fait ce petit détail. Mon cerveau était surstimulé, trop excité devant cette luminosité, toutes ces images, tous ces mots. Nous essayons aussi de ne pas créer l'habitude des produits électroniques chez nos enfants (ça c'est un tout autre sujet! J'hésite à en parler, je ne sais pas si ça intéresse?). Aussi drôle que ça puisse paraître, j'essaie de limiter les stimuli (ou les stimuli devant lesquels ils sont passifs, devrais-je dire?) autour d'eux, pour les mêmes raisons.
Et quand personne ne se comprend et que tout le monde chigne, hop dehors pour une longue balade, un café au coin de la rue, un tour au parc ou à la rivière. C'est comme si on pesait automatiquement sur le bouton reset. On se promène, on jase, on observe les détails de notre paysage. Lentement.
J'en ai parlé déjà, à la fin de ma grossesse de Paul, mais me le répéter fait du bien :
STOP THE GLORIFICATION OF BUSY.