NOËL, L'ENVIE ET LA COMPARAISON

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Le temps des fêtes est tellement à nos portes! J'ai publié récemment un billet sur mes quelques intentions (les mêmes d'année en année, il faut croire) mais vu l'effervescence des publications négatives portant sur "comment survivre aux fêtes pis les maudites crises des enfants", je ne cesse de me sentir chicotée.

Cette idée que le temps des fêtes est un vaste trou noir qui nous engobe complètement, de corps et d'esprit, du 22 décembre au 3 janvier et dont on ressort exténué, vidé, sans trop savoir ce que ça nous a apporté mis à part des cartes de crédit remplies pis des enfants instatisfaits, je la trouve lourde.

Complètement dépassé, sans énergie pour passer à travers les grands froids qui commencent et la nouvelle année qui débute. Complètement envahie par les calories et les objets reçus et sur lesquels on aime dont chialer. Voire qu'on a l'énergie de faire une rétrospective sur l'année qui vient de se terminer et celle, toute nouvelle, toute fraîche et remplie de possibilité, qui se dévoile devant nous. Ça prend beaucoup trop d'effort.

Et entre nous, on se demande "qu'est-ce que tu as reçu à Noël?"

...

Est-ce que ça peut être un peu différent? Peut-être qu'on pourrait d'abord revoir notre état d'esprit? 

Si on commençait d'abord par visualiser un peu comment on aborde le temps des fêtes, en général : c'est le début du mois de novembre. J'entends déjà ceux qui s'inquiètent qu'on ne soit pas encore donné notre liste d'idées cadeaux. Il y a tant à faire, il faut prendre de l'avance. Ça coûte tellement cher. Vite! Il faut profiter des soldes.

On est envahi par les soldes (les mêmes soldes qui traîneront de l'Halloween à janvier) et par l'idée qu'il faut vite aller acheter.

On est complètement conditionné.

On est exactement comme l'enfant qui déballe un cadeau après l'autre, au matin de Noël, puis qui capote sa vie parce qu'il n'a pas reçu un truc-muche inutile de plus.

On le traite d'ingrat.

Mais, dans le fond, il n'a peut-être pas appris à apprécier. Peut-être que personne ne le lui a appris. Comment on fait pour apprendre à notre enfant à apprécier?

Je ne parle pas ici de le lui expliquer rapido que c'était impoli d'en demander plus, voyons, tu viens d'en avoir plein. Ou en le forçant à aller dire merci à matante pour son beau cadeau. Encore pire, en le forçant à donner un bec à matante...

Je parle d'apprendre par ce qu'on projette, nous, tout au long de l'année. Par nos commentaires ou nos pensées subtiles, parfois (souvent) plus forts que nous ou inconscients :

"Le voisin est chanceux, il a acheté une nouvelle auto."

"On sait ben, lui, il a les moyens."

"Bon, as-tu vu, madame Chose est encore parfaitement mise. Elle est toujours tellement bien habillée, elle."

"Ça serait peut-être une bonne idée de faire quelques heures supplémentaires pour acheter une nouvelle télé ou quelques items de cuisine de plus, tsé, pour rafraîchir ce qu'on possède, se tenir au goût du jour."

 

On dirait qu'on est constamment en train de regarder l'autre. C'est quand qu'on regarde ce qu'on a, nous?

Est-ce qu'on prend un peu de recul, un peu de temps pour apprécier, au fil des jours de notre vie quotidienne? Être dont content d'être en santé, entouré d'amis proches et fidèles, d'avoir des enfants merveilleux? Un toit et de la nourriture?

Baigné là-dedans, puis ensevelis de cadeaux qu'il n'a pas le temps d'apprécier car il doit déballer le prochain, c'est peut-être un peu difficile pour l'enfant de s'arrêter quelques minutes et d'apprécier. D'être reconnaissant.

Pis ça nous fâche tellement.

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Ça fait parti de mes efforts depuis plusieurs années. Ce n'est pas facile.

Dans notre quête de simplicité, j'essaie de me détacher le plus possible d'une attitude envieuse des personnes qui m'entourent (ou pas : vous savez, la "mère parfaite de l'Internet", ce concept cliché qui existe seulement dans notre tête si on lui laisse la place? Je suis bien contente de n'avoir jamais laissé de place à cette forme d'envie ou de jalousie-là au moins. La vraie vie est déjà bien assez intense comme ça).

Je ne pense pas avoir été une grande envieuse en général, mais j'ai quand même souvent ressenti de petits pincements en allant souper chez des amis dans leur maison fabuleuse (pourtant c'est fabuleux chez moi, à mon sens). En croisant quelqu'un qui me parle du confort de sa voiture. En écoutant le récit du Xe voyage fantastique de mon amie. En savourant les tas de petits plats compliqués concoctés avec amour et détachement par une autre. En écoutant les épisodes de la nouvelle émission de À La Distasio...

Je suis humaine je vis dans le même monde que vous, un monde de comparaison et de marketing malheureusement très très réussi. 

"Bon peut-être qu'il est temps que je m'achète une voiture (ou au moins que je prenne mon permis...) pour être une vraie adulte?"

"On devrait vraiment déménager en campagne. Je serais tellement plus heureuse avec mon grand potager et mes poules."

"Pourquoi je ne fais jamais de baguel maison?"

Et même si la décision de ne pas avoir de voiture était totalement éclairée et pleine de bon sens, et même si les gens présentés dans la nouvelle émission de À la Distasio sont super inspirants et que d'avoir des poules et un grand potager est directement aligné avec nos valeurs, même si faire des baguel à la maison est quelque chose que j'ai envie d'essayer mais que ce n'est pas grave du tout que je ne l'ai pas encore fait, cela demeure un ressenti de comparaison.

De doute. De "reluquage" du voisin au lieu de me concentrer sur ce que j'ai devant les yeux, sur ce que moi je peux faire avec la vie que j'ai et où je pourrais bien la mener.

Avec le temps, je ressens de moins en moins ce genre de pincement. Je suis de plus en plus détachée de ce jeu de la comparaison ou du "tout ce qu'il faudrait que j'aille pour être ci ou ça".

Et c'est exactement le genre d'exemple que j'ai envie d'offrir à mes enfants.

 

On est terriblement conditionné à la consommation comme élément central de nos vies. Quand, dans le fond, la plupart d'entre nous recherchons le réconfort que le temps des fêtes devrait nous procurer : des rires, du patinage en gang, des glissades dans la neige folle, des longs repas remplis de grande conversation où on refait le monde, de séance de chants de Noël un peu à côté de la coche pendant que quelqu'un pioche sur le piano.

Personnellement, depuis que j'ai recommencé à bricoler mon Noël (j'avais arrêté ça pendant de looongues années - POURQUOI?!), je retrouve une joie et une satisfaction personnelle vraiment intense. J'ai jamais eu aussi hâte aux temps des fêtes que depuis quelques années. Parce que c'est un élément qui me donne de la joie, surtout quand j'y implique mes enfants. Je ne le réalisais pas avant, que ça m'apportait autant.

Tsé, on s'en fou dans le fond, des cadeaux. Pourquoi c'est devenu l'élément central de nos réflexions et nos réflexes entourant le temps des fêtes? Ce n'est pas mal d'offrir des cadeaux. Ça ne devrait simplement pas être le centre des festivités, le générateur de stress et un trou dans notre budget qui nous fait travailler de longues heures supplémentaires avant ou après le temps des fêtes.

On veut des biscuits pis des chocolats chauds, un tas de clichés! Charlie Brown! Des pyjamas douillets pis des feu de foyer! Du dodo, du doux, du repos! 

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PS. On a adopté la pige de cadeaux dans nos deux familles au lieu d'offrir à tous. Quel bonheur! On peut se concentrer pleinement sur LA personne qu'on a pigé au lieu de courir les magasins pour faire 10-12 cadeaux différents. Ça change complètement la donne. Plus d'intention, de réflexion et d'amour dans LE cadeau donné, mois d'argent dépensé globalement, moins de stress, moins de botchage de cadeau potentiel (ben nooon, personne ne fait ça voyons #séchangerdescertificatscadeaux).

Pis on ne se ruine pas.

Cette année, je ne vais pas subir mon temps des fêtes ni en survivre. Je vais le vivre, le savourer, rigoler et relaxe.

Elisabeth Simard