MONTESSORI : NOTRE PORTE D’ENTRÉE DANS LA BIENVEILLANCE
Ce texte a été rédigé pour le blogue de la Fabrique Montessori. Je le mets ici pour le conserver dans mes archives.
Je n’aime pas les étiquettes, surtout pas les étiquettes parentales. Je me retrouve et m’inspire fortement dans la pédagogie Montessori, mais pour ce qui est des « styles parentaux », j’essaie d’éviter au maximum de tomber dans le piège de l’encrage rigide d’une forme de pensée précise. C’est que dans chacune des définitions de « type » de parents, il y a des contraintes de personnalité, des lignes de conduite qui ne conviennent pas à certains enfants, à certains parents, à certaines situations. C’est souvent sans nuance si on ne fait pas un peu attention.
Une chose par contre à laquelle je me rattache fortement depuis que j’ai découverts la pédagogie Montessori est la bienveillance. J’y reviens toujours. Oh le grand bonheur familial découlant du respect de la personne, que ce soit le respect de ma personne et de mes propres limites ou le respect accordé à mes enfants, à leurs limites selon leur niveau de développement et leurs capacités.
Je croyais respecter les enfants. Depuis ma tendre enfance, ils m’attirent, me fascinent. Je les aime. J’en ai gardé des milliers dès mon jeune âge, participé activement et passionnément à la garderie familiale que tenait ma mère dès mes 9 ans. Mais, vous le savez, on est fortement imprégné par notre vécu, par les façons de faire génériques et ce que l’on observe depuis qu’on est tout petit dans notre entourage.
Quand j’ai eu mon premier enfant, je ne me sentais pas à ma place dans aucun groupe de parents. Dans aucune activité de parents. J’étais à l’aise d’être mère (même si aujourd’hui je suis reconnaissante d’avoir changée en tant que mère), mal à l’aise par rapport à tout ce qui était conçu pour les mères. J’avais beaucoup de misère à trouver de la satisfaction dans ce que je lisais, ce que j’observais autour de moi. Je n’étais pas inspirée. Je n’étais pas rassurée par l’information générique extérieure.
Avec l’apparition de la pédagogie Montessori dans nos vies, c’est un respect de l’enfance comme je ne l’avais jamais connu qui s’est ouvert à moi. Nous avons alors réalisé qu’un bébé, un enfant, est une personne à part entière. Ça semble évident, vite comme ça. Mais quand on y pense un peu, on réalise qu’on ne traite pas d’emblée les bébés et les enfants avec le même respect que les adultes. On les surprend par derrière pour leur moucher le nez, on les couche sur le dos sans crier garde pour changer leur couche, les soulève de terre à notre guise, sans avertissement, sans se demander s’ils en ont besoin, si c’est nécessaire, s’ils ont terminé leur activité. On leur parle constamment, on brise leur concentration ou leur jeu sans trop s’en rendre compte. On « doit » les casser, on se dit qu’« il faut qu’ils apprennent », « qu’il ne m’aura pas », etc. Des « détails » anodins à première vue mais qui me faisaient grincer des dents sans trop savoir pourquoi. Un grincement de dents qui ne m’empêchait tout de même pas de prononcer moi-même ce genre de paroles de temps à autres avant que je ne m’intéresse à la bienveillance et au développement du cerveau de l’enfant. La pédagogie Montessori m’a ouvert la porte sur une panoplie d’autres façons de réagir et d’accompagner mes enfants. Elle m’a ouvert sur la compréhension. L’empathie s’est alors invitée chez nous.
J’ai questionné mes réflexes, mon système de croyance. Nous avons évolué dans nos façons de réagir et d’interpréter les diverses réactions positives et négatives de nos enfants. Nous avons beaucoup de chemin à parcourir encore. Je crois que grandir positivement, et loin des petites violences ordinaires, autant envers nous qu’envers nos enfants, est un processus continu. Ce n’est pas facile tous les jours, et il y a des moments où je n’y arrive juste pas. Dans ce temps-là, j’apprends à respecter mes propres limites et à les exposer clairement à mes enfants, pour qu’eux aussi, apprennent à respecter les limites des autres.
J’ai espoir que cette façon de voir l’enfant comme un être rempli de capacité qui nécessite d’être guidé et non « manié » pour s’épanouir contribuera à grandir la confiance que mes enfants ont en eux, leur aisance générale et leur compréhension d’eux-mêmes dans la vie. Des choses avec lesquelles j’ai toujours eu un peu plus de difficultés, personnellement.