DE VICTOIRE ET DE RESPECT

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Ce matin, nous avons vécu une petite victoire familiale.

Depuis quelques semaines, motiver Henri à s'habiller le matin est difficile. C'est peut-être à cause de novembre, de son âge, de son rhume qui s'éternise, mon retour au bureau, peu importe. Il ne veut pas. Brette. S'évache.

Il n'avait jamais fait ça avant et je dois dire que nous nous sommes sentis pris au dépourvu. Une chance qu'on ne vit cela que trois jours par semaine. Que c'est désagréable.

Comme la motivation intrinsèque, le respect et la collaboration sont des principes auxquels je tiens mordicus dans notre éducation, je savais que je voulais à tout pris éviter d’utiliser des menaces, aussi légères soient-elles. Ce n'est pas un bon système et ce n’est pas une option dans notre famille. Ça n'apporte rien à personne. L'enfant n'en apprend rien, rien de positif n'en découle mis à part arriver à l'heure quelque part, accompagné d'un sentiment de crotte généralisé ou de quelques larmes.

Et ça brime sa motivation, ça brime notre lien, ça brime sa confiance. Ça nous embarque dans un cercle vicieux. Je voulais lui laisser de l'espace pour le faire, cesser de répéter. Lui faire confiance.

Durant ces quelques semaines, nous avons essayer plein de choses : lui proposer de s'habiller en même temps que moi avant de descendre déjeuner (nous avons toujours déjeuner en pyjamas...) ; on lui a expliqué que c'était sa décision d'aller en pyjama ou non à la garderie (il ne veut pas aller en pyjama à la garderie, mais attendait tellement à la dernière minute pour s'habiller qu'il paniquait complètement juste avant de partir - pas jojo et difficile pour nous de se retenir de répéter ou de lui dire d'aller plus vite durant ces dernières minutes). Les dernières semaines, il n'a eu aucune minute pour jouer le matin, car tout s'éternisait. 

Bref.

Hier matin, on jasait et je lui ai demandé s'il aimait ses matins depuis quelques temps. Je lui ai dit que j'avais remarqué qu'il n'avait plus le temps de jouer et que ça avait l'air de le déranger.

Il m'a regardé de ses grands yeux brillants et m'a dit "non, je n'aime pas ne pas avoir le temps de jouer le matin ni que tu me répètes de m'habiller."

Je lui ai demandé s'il voulait penser à une solution et me dire qu'est-ce qui allait marcher pour lui. Je pensais que ça allait prendre quelques jours pour qu'il m'en reparle.

Eh non! Tout de suite, il m'a dit : "Maman. Demain matin, je vais m'habiller dans ma chambre avant d'aller te dire que c'est le soleil et qu'on peut se lever". Il avait des étoiles dans les yeux. Je lui ai répété, pour l'ancrer dans sa tête "alors ta solution, si je comprends bien, est que tu vas t'habiller avant de venir me dire que c'est le soleil? Si tu crois que ça va mieux fonctionner pour toi, ça me va".

Il en a reparlé un peu sur le chemin du retour de la garderie avec son papa et je me suis assurée de le lui rappeler super positivement avant qu'il ne s'endorme. 

Ce matin, il est venu nous rejoindre dans le lit quelques temps avant que le soleil n'apparaisse sur son horloge. Je me suis demandée si ça allait gâcher sa solution. Je l'ai laissé aller. Il est allé voir si c'était le soleil. Il est venu me le dire. J'ai dit, enthousiaste "super! Et ta solution?" Il a couru dans sa chambre tout enjoué, s'est tout habillé et m'a dit "je vais descendre en bas, ne regarde pas tout de suite, je vais te dire quand tu peux descendre". Quelques minutes après, il m'appelle. Je descends. 

Il est là, tout souriant, au milieu du salon. La lumière est allumée. Il est tout habillé et ses yeux pétillent. On se fait une grosse colle et on va s'installer pour déjeuner.

Et juste avant de partir pour la garderie, il me dit : "Wow maman, j'ai eu le temps de faire plein de choses ce matin!"

Splatch. Mon coeur sur le tapis.

Je l'écris ici, pour les matins où ça ne fonctionnera pas. Ou la grisaille nous alourdira. Où j'aurai de la misère à demeurer patiente. Je pourrai y revenir et rappeler plus facilement à Henri le bonheur qu'il a ressenti en trouvant une solution par et pour lui-même.