HOMMAGE | LE JOURNAL

Salut! Ça fait longtemps que je n'ai pas partagé avec vous un témoignage pour Le Journal. C'est avec plaisir que je vous offre celui-ci, écrit par Sébastien, un papa de jumeaux qui vit le congé parental à la maison. Vous pouvez suivre ses aventures de papa à la maison et de famille de jumeaux et de famille végane ici, sur son blogue Café noir sans sucre. Merci, Sébastien!

En juillet dernier, ma blonde est retournée au travail et j'ai pris le relais avec nos jumeaux pour les six mois restants du congé parental. Lorsque j'ai annoncé sur Facebook que j'allais être papa à la maison, j'ai eu une vague d'encouragements, de félicitations et de support de la part d'un très grand nombre de personnes, ce qui m'a profondément touché. Les gens me trouvaient bon de rester à la maison pour mes enfants.

Cependant, j'ai réalisé que j'avais reçu toutes ces félicitations en grande partie parce que je suis un papa. Quand on y pense, presque toutes les mamans font exactement la même chose que moi. Malheureusement, puisque traditionnellement ce sont les mamans qui restent à la maison, elle n'ont pas le droit à la vague de support que j'ai reçue. Pourtant, on parle ici des mêmes responsabilités et de la même charge de travail. Parce qu’être maman à la maison est considéré comme "normal", on ne le souligne pas, on ne l'encourage pas et on considère qu'il n'y a rien d'extraordinaire avec cela.

Eh bien, après un peu plus de deux mois à la maison, je vous le confirme, le travail que les mamans font chaque jour est EXTRAORDINAIRE et mérite d'être souligné. Je le savais déjà avant d'arrêter de travailler, mais maintenant que je suis à la maison, je comprends beaucoup mieux les mamans.

La patience mise à l'épreuve

J'ai découvert qu'être à la maison avec les enfants demande un nouveau type de patience. Ce n'est pas exactement comme attendre que son numéro soit appelé à la SAAQ ou être coincé à l’épicerie le dimanche après-midi. Non, c'est quelque chose que je n'avais pas encore tout à fait expérimenté jusqu'à ce que je sois confronté à deux bébés qui hurlent et qui ne veulent pas du tout faire leur sieste, même s'ils ont bu, ont une couche propre, et bien entendu, sont fatigués. Bien sûr, avant d'être officiellement à la maison, ça m'était arrivé de devoir gérer les crises de mes enfants les soirs et les fins de semaine. Mais maintenant, c'est devenu mon quotidien. Ça peut arriver tous les jours, toutes les semaines et avant toutes les siestes. Rassurez-vous, je n'ai pas continuellement ce problème, fort heureusement, mais parfois cela arrive et je dois avouer que ce n'est pas facile à gérer.

Cette patience est également mise à l'épreuve lorsque je tente désespérément de changer la couche remplie de caca de mon fils pendant que celui-ci veut ABSOLUMENT se retourner sur le ventre et qu’au même moment son frère s'approche furtivement dans mon dos pour mettre la main dans la couche souillée du petit acrobate. Ou alors, lorsque mes fils s'amusent follement à faire tomber leur nourriture par terre et que moi, me croyant plus fin qu'eux, tente en vain d'attraper les morceaux pour éviter les dégâts.

Ces exemples, pris individuellement, sont peut-être banals et peuvent faire sourire, mais c'est la répétition de ces petits événements, jour après jour, qui met notre patience à rude épreuve, combiné à des nuits parfois courtes où il faut se lever pour gérer une crise (puisque notre conjoint(e) doit dormir afin d'être en forme pour le travail).

Chaque fois que mes réserves de calme atteignent un niveau dangereusement bas, je repense à ma blonde qui a dû gérer des cas similaires pendant les six premiers mois, en tirant son lait plusieurs fois par jour tout en vivant des changements hormonaux nouveaux et inconnus. Je ressens alors un fort sentiment d'admiration pour elle et regrette soudainement les fois où j'ai pu penser qu'elle était "en congé" et que moi je devais "travailler".


Heures supplémentaires

Lorsque ma blonde était à la maison avec les petits, il m'arrivait souvent de terminer ma journée de travail un peu plus tard que prévu afin de finaliser une tâche quelconque ou clore une conversation avec un collègue. Je ne comprenais pas pourquoi ma copine tenait tant à ce que je parte à l'heure précise. Ce n'est quand même pas 15 minutes de plus qui vont faire une différence, pensais-je à ce moment-là. Eh bien je peux maintenant affirmer que 15 minutes supplémentaires avec des bébés en crise lorsque notre patience est à son plus bas, ça fait TOUTE une différence! Depuis que c'est moi à la maison, j'encourage (très fortement!) ma copine de partir à l'heure prévue du travail et je regrette amèrement chaque fois où je suis resté au boulot, croyant que quelques minutes de plus ne changeraient rien.

L'odeur de biscuits et les repas préparés

Très naïvement, je m'étais dit qu'une fois à la maison, j'allais faire des biscuits et des desserts à profusion et que les soupers allaient toujours être prêts à l'arrivée de ma copine. J'ai sous-estimé le temps passé à tout ramasser, frotter les chaises hautes, gérer les lavages, vider les lave-vaisselles, préparer les biberons, plier le linge, penser aux repas des petits pour la DME, changer les couches, stimuler les bébés, calmer les pleurs et tenter, à quelque part parmi tout cela, de prendre ma douche et de manger un morceau avant de recommencer une fois de plus.

Je repense parfois à ces moments, où je rentrais du travail et que je retrouvais l'appartement en désordre et qu'une certaine déception m'envahissait sans trop le vouloir. Je ne réalisais vraiment pas l'ampleur de la tâche.


Sur une note un peu plus positive

Après plusieurs semaines à la maison, j'ai trouvé mon rythme. Je réussi à faire les nombreuses tâches du quotidien et parfois une odeur de brownies envahit la cuisine en fin d'après-midi, pendant qu'un souper cuit lentement. Je réussi même à avoir du temps pour moi pendant les siestes de mes garçons. J'aime être avec mes enfants. C'est une expérience merveilleuse qui me fait beaucoup réfléchir et remettre en perspective les choses importantes de la vie. C'est aussi une façon très efficace de retourner au moment présent et de vivre une minute à la fois. 


Je dois cependant avouer que je suis très heureux lorsque la journée finit et que ma blonde arrive enfin pour me donner un coup de main. J'ai toujours admiré le travail des mamans, mais jamais autant que depuis que je suis papa à la maison. Nombreux sont ceux qui me disent que je suis bon de faire ce que je fais, et pourtant, c'est ce que toutes les mamans font depuis si longtemps. Je profite de ce texte pour féliciter toutes les mères et souligner leur travail (parce que c'est RÉELLEMENT un travail). Vous êtes géniales et plusieurs hommes gagneraient beaucoup à prendre votre place, ne serait-ce que pour mieux comprendre votre réalité qui est encore trop souvent associée et réduite à un "congé" de maternité.

Je termine en citant ma blonde lorsque nos vacances en famille se sont terminées et qu'elle est retournée travailler le lundi matin: "Finalement, mes vacances commencent!". Je ne veux surtout pas affirmer que c'est toujours de tout repos d'aller travailler, mais je suis sûr que vous voyez tout à fait ce qu'elle a voulu dire.

 

Sébastien

 

Mot d'Elisabeth : je vous invite à lire cet autre article écrit par Sébastien sur les raisons derrière la décision de partager le congé parental avec sa blonde. C'est très intéressant et surtout, très important! Papa à la maison : l'aventure commence sous peu!

LE JOURNALElisabeth Simard