L'EMPATHIE

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En faisant le ménage de mes cahiers de notes, j’ai retrouvé cette petite anecdote que j’avais noté il y a peut-être un an ou deux.

Ce matin, Henri s'est levé du pied gauche après une nuit écourtée. Un rien faisait sortir sa rivière émotionnelle de son lit. À un certain moment, il pleurait fort au coin de la cuisine pour une question de couleur ou de vocabulaire, je ne sais plus. Paul, attendrit, est parti à la table à manger récupérer le verre de smoothie d'Henri pour le lui apporter. Il le lui tend, ses grands yeux bruns attendris et pleins d'empathie, en lui disant, tendrement "Here. This will make you feel better". Henri l'a regardé, s'est immédiatement calmé et a bu son smoothie.

Ce genre de moment, c’est juste wow. Voir mes enfants cultiver l'empathie et la tendresse, le soin de soi et des autres, c'est magnifique. Évidemment, ce n’est pas toujours aussi rose et les enfants ne prennent pas toujours soins les uns des autres (au contraire haha! Fratrie tout à fait normale ici!). Par contre, ils sont généralement assez empathiques aux vécus et émotions des autres et ce depuis assez jeune. C’est quelque chose d’important pour moi. J’essaie de voir l’empathie comme un élément qui s’apprend, qui se pratique, qui se développe pour qu’ils arrivent à l’âge adulte avec une sensibilité face aux autres, mais aussi face à eux-mêmes.

Qu’est-ce que l’empathie? Comment peut-on aider nos enfants à la développer? Nous rêvons tous de voir nos enfants prendre soins des autres, être attentifs et attentionnés. Mais le forcer, le répéter, l’exiger donnera l’effet contraire. Comme l’être humain a un besoin profond de connexion et d’échanges humain, on pourrait penser qu’on est naturellement des êtres remplis d’empathie. Malheureusement, quand on regarde autour de nous ou qu’on écoute les autres parler, ce n’est pas tout à fait ce que l’on constate. Et en ce qui a trait aux enfants, je trouve que la façon dont on s’adresse à eux en général, notre culture éducative ou la façon dont on les considère en général ne laisse pas beaucoup de place pour l’émergence et le renforcement de l’empathie.

On a souvent vu un petit bébé ou un tout-petit pleurer quand un autre enfant pleure, essayer de le consoler tout naturellement. Bien que l’empathie ne soit pas quelque chose qui serait complètement développée dans le cerveau avant la mi-vingtaine, il semble que le petit humain ait naturellement un certain sens de l’autre. Comment le conserver, aider l’enfant à le développer et le renforcer?

Apprendre à prendre soin <3

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Je pense sincèrement que NOTRE propre empathie en tant que parent est non seulement notre meilleur outil mais aussi que c’est en modélisant l’empathie au quotidien, dans les moments les plus ordinaires comme les plus intenses, que l’enfant pourra reproduire ces comportements jusqu’à ce que ça devienne naturel pour lui. En plus, ça nous pratique, nous, à séparer le comportement que l’on a devant soi et l’émotion vécue par l’enfant. Si on dit toujours à notre enfant “arrête de pleurer”, non seulement il se déconnecte complètement de ce qu’il ressent, comme si ça n’avait pas le droit d’exister ou que ça ne valait rien, mais aussi il ne développera pas le réflexe de comprendre l’autre (ou juste de reconnaître ce que l’autre est en train de vivre).

Je ne dis pas que ça sera facile ou que ça se fera du jour au lendemain, mais il me semble que c’est la seule façon d’être en mesure d’accueillir, d’une certaine façon, les émotions des gens autour de nous. C’est dans ce sens que nous essayons du mieux que nous pouvons de nous tenir loin des modèles traditionnels où la punition, le blâme et la honte dominent généralement (vous pouvez écouter juste ici mon épisode de #baladoslow où je discute de pourquoi on ne puni pas nos enfants).

Un autre truc je crois qui aide beaucoup est de nous permettre d’être vulnérable face à nos enfants. Oui, il faut apprendre à contrôler nos émotions, mais être un robot n’aide pas, j’en suis certaine. Laisser place à nos émotions en les nommant mais en ne les laissant pas prendre le contrôle de nos agissements (tsé, on a le droit d’être en colère, et de le verbaliser, mais ça ne veut pas dire qu’on peut crier, ou lancer des objets parce qu’on est en colère). Ainsi, en verbalisant notre vulnérabilité, on se permet de connecter avec notre enfant au lieu de s’auto juger ou d’agir d’une façon qu’on regrettera par la suite, sans que notre enfant ne comprenne vraiment ce qui se passe. C’est donc une balance délicate, qui se pratique. Dans le même sens, si on est sensible à ce que vit notre enfant et qu’on accueille son émotion sans le juger ou le blâmer, on crée de l’espace pour sa propre vulnérabilité et il est plus facile pour l’enfant de se calmer. L’enfant a droit à ses émotions et si on y est réceptif, il y a plus de chance qu’on progresse en demeurant liés l’un à l’autre, connecté plutôt que distancés, dans l’agression ou la violence verbale.

Deux petits trucs pour soutenir le développement de l’empathie

  • Modéliser l’empathie nous-même. Je suis convaincue que c’est la meilleure façon de soutenir l’empathie chez nos enfants, c’est de choisir l’empathie dans nos interventions avec eux mais aussi avec les autres autour de nous, par le choix de nos mots, la façons dont on les prononce, notre langage corporel.

  • Nommer les émotions et vécus qu’ils traversent et nommer celles que traversent les autres, et leur poser des questions du genre “Pourquoi penses-tu que ton ami a fait ça?” “Penses-tu que ton ami était triste quand il a essayé de te taper?” “Comment tu te sens quand quelqu’un cri après toi” ?


Si tu as d’autres trucs pour développer l’empathie chez tes enfants, PLEASE partage-les dans les commentaires, tout le monde pourra en bénéficier!