EN CETTE SAISON DE MA VIE

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C'est l'hiver. Il est bondé de neige magnifique, de possibles, de rires. Pourtant, je me retrouve totalement en parallèle de cet hiver, en parallèle de ma vie de famille habituelle. Dernièrement, je soupire, je me fatigue, je m'impatiente. Je suis cette mère que je ne reconnais pas.

Mon corps me lâche, ne tient pas le coup de toute cette lourdeur.

34 semaines de grossesse.

J'ai l'impression d'entendre chaque lourde seconde passée, chacun des tic-tac d'une horloge que nous ne possédons pas, chaque tic-tac plus lourd que le précédent. Le temps est arrêté, ou tellement ralenti que j'ai l'impression que je peux y toucher, le trancher. Il est tout barbouillé. Pendant ce temps, mes garçons vivent leur vie, s'amusent et jouent, tout en réagissant clairement à mon nouvel état. Un état d'attente. J'ai tellement hâte de rencontrer cette petite personne, de me libérer de cette lourdeur. La période post-partum, pour mes deux derniers enfants du moins, a été un grand moment de délivrance. Je me retrouvais entièrement, malgré la douleur et les blessures, les nuits écourtées.

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Mes beaux garçons d'amour seront des grands frères formidables. Tous les jours, ils parlent avec leur petit frère et le couvre de bisou. Paul dit régulièrement, en se collant à ma bedaine, qu'il aime son petit frère et qu'il est cute. Henri, pendant ce temps, me raconte ce qu'il fera pour m'aider. Qu'il bercera le bébé, lui changera les couches et lui donnera sa purée. Paul, lui, ne se peut plus d'attendre pour le consoler quand il va pleurer. J'ai droit à tous ces discours magnifiques et rassurants au quotidien. Ça me rempli le coeur et me fait oublier ma lourdeur et mes douleurs, la déception que je ressens de ne pouvoir profiter de simplement jouer dehors avec les garçons. Je m'assoie sur le divan toute la journée ou presque pendant que eux, jouent. Je suis reconnaissante de ne pas être alitée, que ce petit bébé soit en santé. C'est quoi le mot pour dire qu'on doit toujours être assis sur son steak mais qu'on est pas "alité"? J'aimerais bien le connaître.

Pis là, je regarde ces photos magnifiques prises par Catherine Giroux, photographe lifestyle. Ça me fait tout drôle, de me voir être mère. Dans un moment des plus ordinaires qui soit, servir des verres de lait. Une banalité tellement forte et constante. Ça me fait tout oublier et tomber en amour une fois de plus avec ce rôle merveilleux. 

On est tellement chanceux de le vivre une troisième fois d'ici quelques semaines. Je peux palper toute ma chance à travers chaque moment de ma journée. Même si c'est toff, irritant, dépassant. Plus grand que moi. 

J'attends patiemment, sans aucun combat. Ne nous reste qu'à le nommer. Mission impossible.

Merci Cath pour ces images. Visiter ce billet pour voir le reste de la séance.

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Elisabeth Simard