UNE JOURNÉE

Souvent, quand je mentionne que je suis à la maison avec P mais aussi avec H, la plupart du temps du moins, on me demande comment je fais. Certes, il y a des journées plus difficiles et tourbillonnantes que d'autres, mais de façon générale, lorsqu'on a un bon rythme d'établi, la vie est bonne. C'est un choix que nous avons fait, parce que ça me tente d'être avec H pendant que je suis en congé de maternité pour P. Ça me tente, j'adore cela. J'ai de la brou dans le toupet, je suis souvent bien épuisée quand petit mari revient du boulot et je "crash" dans mon lit à 21h, mais je suis profondément heureuse prendre soins de ma marmaille et de mettre de l'énergie sur leur éducation à la maison pendant qu'ils sont tout-petit et bébé. Et là, j'en jase parce que c'est un sujet qui revient régulièrement, mais sachez tout de même que c'est une question bien personnelle et que je respecte les choix différents. Que votre plus grand aille à la garderie pendant que vous êtes avec bébé, c'est bien correct aussi. J'écris ces mots pour partager un peu notre façon de faire à la maison, surtout pas pour juger. Loin de moi cette idée.

J'ai plutôt envie de partager avec vous ma vision et ma perception personnelle de mes enfants et comment cela affecte ce que nous vivons au quotidien. Certes, je suis en apprentissage constant et en mode adaptation CONSTANT, mais cette vision globale m'aide en général à me ramener les pieds sur terre lorsque la fatigue et le dépassement se font sentir un peu trop.

En effet, depuis que H est né, je perçois mon rôle de parent, mis à part celui de donner tout l'amour possible, comme un guide, un soutien dans leur exploration du monde. Je réponds à leur besoins d'amour, de sécurité, de nourriture etc., mais je me retire le plus possible, je me tiens aux alentours, pas devant lui. Ça peut sonner drôle à première vue, mais je joue très peu AVEC mes enfants. Je tiens à leur créer de l'espace, de la place pour la découverte, la chute, le retour sur leurs pattes et leur avancement personnel.

C'est certain qu'on joue ensemble. Il sera toutefois plutôt rare que vous me retrouverez à quatre pattes dans le salon à faire vroum vroum, petite auto à la main. Ça tombe bien, ça m'emmerde un peu.

J'essaie de les soutenir à ce moment précis où ils ont envie de lâcher prise. Pas lorsque leur jeu va dont ben bien. J'essaie de respecter leur concentration, leur moment de bonheur lorsqu'ils sont en pleine exploration de leur monde, chacun à leur rythme, chacun là où ils sont rendus. Que ce soit quand Paul rampe et liche un barreau de chaise ou quand H fait un casse-tête, j'essaie de ne pas attirer leur attention vers moi en les félicitant ou en leur parlant inutilement. À mon sens, à ce moment précis, ils n'ont pas besoin d'être dérangés. Entre les moments de concentration, on s'entend, on jase en permanence, je lis des livres avec eux, leur montre comment faire les choses ordinaires de la vie de tous les jours et à y prendre plaisir. On va au parc, à la bibliothèque, au café du coin. MAIS, le plus clair du temps passé à la maison, ils se créent leurs aventures eux-mêmes, au gré de leurs intérêts et de leurs capacités. Pendant ce temps, je garde un oeil attentif, je les observe, j'essaie d'apprendre à les connaître par coeur. Ce n'est pas pendant ce temps que je flâne sur l'ordi ahah! Ça, je fais cela pendant la sieste ou après le dodo du soir. Non, pendant ce temps, je les observe d'un oeil en vacant à mes occupations de teneuse de maison.

Depuis que H a passé le cap des 18 mois, la dynamique a quelque peu changée. Évidemment. La vie est plus active, il y a beaucoup plus d'interaction entre nous.

Elisabeth Simard