POURQUOI M'INSPIRER DE MONTESSORI ? (et autres pédagogies alternatives)

Ce texte a été rédigé pour le blogue de la Fabrique Montessori. Je le mets ici pour le conserver dans mes archives.

Table de la nature

 

Je suis tombée en amour avec la pédagogie Montessori un peu avant les deux ans de Henri. J’ai eu un coup de coeur immédiat. Un coup de coeur de pensée, de vision. Enfin, je me retrouvais quelque part en tant que parent.

D’un côté, j’y reconnaissais notre vision de l’enfance et notre désir d’accompagner nos enfants dans le développement de leur personne. Mais surtout, je découvrais un plus grand respect de l’enfant que celui que je connaissais jusque-là. Ce fut le point de départ de nos premiers pas vers la bienveillance, vers une parentalité plus positive, une maisonnée plus épanouie, plus connectée.

Bien que la pédagogie Montessori soit basée sur le travail de la main et, de ce fait, sur un matériel bien précis présenté aux enfants, je trouve qu’elle va bien au-delà des objets. Elle invite à changer notre perception de l’enfant, nous invite à le concevoir comme rempli de potentiel et fondamentalement bon. Elle invite à nous percevoir, nous les parents, comme un guide pour notre enfant. Nous ne sommes pas là pour leur remplir la tête de connaissances en vrac, les faire rentrer dans des petites cases préconçues ou les « dompter ». Nous sommes là pour faire jaillir tout le potentiel qui les habite.

Parmi les éléments de la pédagogie qui me parle le plus, il y a le fait que le parent est invité à respecter et cultiver la motivation intrinsèque de l’enfant, toute naturelle. L’enfant, on le voit dès son plus jeune âge, a clairement un amour naturel pour apprendre. Selon Maria Montessori, l’enfant est un être motivé et capable. Combien de fois on entend dire, en riant, « oh il veut tout faire tout seul! Il n’est pas capable! » C’est fort ça, à deux-trois ans, n’est-ce pas?

 

Comment réagit-on à ce moment? Souvent, on le fait à sa place, parce qu’il est tout petit, pas capable, on manque de temps, on a peur que quelque chose se brise. Des fois, on dit non sans trop y penser, juste parce qu’on est habitué à ce que certaines choses soient des choses d’adultes et non d’enfants. On n’accorde pas nécessairement d’importance à tous ces gestes banals, quotidiens. C’est tellement ordinaire pour nous. Parce que l’enfant nous ralenti, parce qu’on veut (ou doit) être efficace, on a parfois le réflexe de le retenir, de détourner son attention de plein d’actions banales qui lui, le motivent. La pédagogie Montessori propose un regard différent sur ce phénomène. Elle m’aide à faire de la place, dans ma vie, pour tous ces apprentissages pour mes enfants. Elle invite à éduquer l’enfant dans son tout. On ne le bourre pas seulement de bruits d’animaux, de lettres et de chiffres. On le guide dans tout ce qui fait en sorte qu’il soit un individu. Toutes ces petites choses quotidiennes que l’on doit tous faire pour prendre soin de soi, de sa maison, de son entourage, de la nature. C’est une pédagogie qui place l’enfant au centre de son environnement, de sa vie quotidienne. Elle fait de l’enfant un acteur présent, participatif. Elle inspire le respect.

Un autre élément de la pédagogie qui me touche beaucoup réside dans le fait que les récompenses ou les louanges gratuites ne sont pas mises de l’avant. Ça, ça me parle. Je ne sais pas trop pourquoi ça me fait vraiment grincer des dents quand j’entends des « oh que tu es bon! » ou des « bravos » pour un tout et un rien. Surtout quand la remarque vient briser la concentration d’un enfant ou d’un tout-petit qui est absorbé par son jeu ou son activité. J’aime l’idée que l’enfant découvrira la joie et la fierté d’accomplir un travail par lui-même, avec notre présence et notre support, évidemment, s’il en a besoin. Et lorsqu’il est temps de complimenter, c’est le travail et les efforts déployés qui sont soulignés. Ce que j’aime de cette approche, c’est que ça ne met pas en valeur l’idée qu’il nous faut une récompense dès que la moindre petite chose est accomplie. Que ça prend des « bravos », des « tu es BON », des cadeaux et sucreries (donc des motivations externes à l’enfant), pour le motiver à accomplir la moindre action de la vie de tous les jours. Il me semble que ça conditionne, en quelque sorte, l’enfant à performer pour une récompense externe, tout le temps. La motivation et la satisfaction intrinsèque, propre à lui et pour lui va le suivre toute sa vie. Je trouve ça beau. Je trouve que ça enlève aussi la pression sur le parent comme quoi il faudrait constamment occuper les enfants, les divertir, les louanger. Un enfant qui a à sa disposition des activités et des jeux adaptées et pertinentes et qui ne se fait pas constamment interrompre pourra apprendre à se concentrer et à s’amuser. À vivre sa vie de bébé, comme dirait ma chère amie.

Dans ma tête, je n’ai pas choisi Montessori pour pousser des apprentissages académiques à tout prix dans la tête de mes garçons. J’ai dit, à maintes reprises, que je me foutais bien que mes enfants sachent écrire avant la maternelle, sauf s’ils avaient profondément envie de l’apprendre. Loin de moi l’idée de forcer les apprentissages. Pour moi, Montessori a tout à voir avec l’intangible, tout ce qui est difficile à exprimer : la joie d’aimer apprendre, la motivation, la connaissance de soi, la confiance en soi, le respect. L’idée de vivre en communauté, de contribuer au bien-être et au fonctionnement du milieu dans lequel on évolue, dans lequel on grandit. De faire partie intégrante d’un milieu, d’être soi-même. 

Pour moi, c’est une façon de protéger l’enfance.