SIBLINGS WITHOUT RIVALRY

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Je regarde mes garçons jouer ensemble. C'est beau, ça me fait tout chaud dedans mon coeur. Et BANG. Un pousse, l'autre mord, ça cri.

BLAH.

Un de mes plus grands défis personnels dans ma vie de parent est de guider et d'accepter la relation qui se bâtie entre mes garçons. Mon plus grand rêve? Surprise : qu'ils grandissent en harmonie, en développant une relation saine, profonde, respectueuse. Que dans leurs différences, ils s'entendent, s'entraident, partagent, se soutiennent. S'aiment. Il paraît que ce qui nous "shape" le plus en temps qu'individu sont nos frères et soeurs. C'est tellement vrai, quand on s'y arrête un peu. Nos frères et soeurs sont là depuis toujours ou presque, sont nos acolytes, nos rivaux, nous apprennent la vie en société, la collaboration, la compétition, tout. Je me place devant ce "spectacle", en tant que mère, et je me dis que de les outiller pour mieux grandir ensemble est mon rôle. Mais ça demeure un rôle d'observateur, d'accompagnateur.

Cet extrait d'un article de 2013 du Times Magazine est éloquent : 

From the time they are born, our brothers and sisters are our collaborators and co-conspirators, our role models and cautionary tales. They are our scolds, protectors, goads, tormentors, playmates, counselors, sources of envy, objects of pride. They teach us how to resolve conflicts and how not to; how to conduct friendships and when to walk away from them. Sisters teach brothers about the mysteries of girls; brothers teach sisters about the puzzle of boys. Our spouses arrive comparatively late in our lives; our parents eventually leave us. Our siblings may be the only people we’ll ever know who truly qualify as partners for life.

Accepter qu'ils ne s'entendront pas parfaitement, accepter les petites sautes d'humeur et de caractère entre eux. Établir les limites appropriées, selon ma (faible) tolérance aux chamaillages, me retirer. Accepter qu'ils ne seront peut-être pas amis, dans la vie. Espérer le contraire de tout coeur.

Tenter de guider, pour élever des enfants qui s'aimeront et se respecteront profondément, c'est un de mes plus grands objectifs de parent.

Je me sens petite dans mes shorts. Moi qui rêve d'une grande famille.

Sous la suggestion d'une amie (merci Geneviève!), j'ai lu le livre Siblings without rivalry  (Jalousies et rivalités entre frères et soeurs, en français). Un excellent bouquin qui discute des relations entre frères et soeurs, mais principalement des réactions classiques de parents un peu désemparés et des effets psychologiques chez les enfants. C'est extrêmement intéressant.

Les auteurs suggèrent quelques compétences que les parents peuvent développer afin de guider les enfants dans leur résolution de problème sans le faire à leur place. De ne pas trop intervenir, ou pas du tout, quand ce n'est pas nécessaire. J'ai eu la chance de tester quelques petits trucs avec mes tout-petits et ça marche. J'ose imaginer les bénéfices chez des enfants plus grand.

Grosso modo, les compétences sont d'apprendre à ne pas comparer (jamais! Même pas pour faire ressortir un trait positif. La comparaison, c'est juste NON). Des fois, c'est tout simple : au lieu de dire "Oh Paul, tu manges bien, toi", je dis "Oh Paul, tu manges bien!". La comparaison était subtilement cachée dans le toi, qui vantait l'un et dénigrait l'autre. So clever.

De prendre en considération leurs émotions plutôt que de les réduire en leur disant que c'est ok, que ça va passer, que c'est pas grave ou ne pleure pas. En adressant plus la situation en la décrivant : "je vois un petit garçon très fâché et un petit garçon qui a de la peine!". Même chez mes enfants très jeunes, ce genre de description a déjà des effets et j'en suis complètement ébahie.

De leur laisser de l'espace, dans le temps, la parole, l'acte, pour se calmer, se reprendre en main, trouver la solution à deux, se responsabiliser. Des fois, H veut faire un jeu calme au sol et ne pas se faire déranger par son frère. Il chiale, le repousse, ça dégénère. En lui rappelant simplement "qu'est-ce qu'on peut faire quand on veut jouer tranquille?" Souvent, le visage de H s'illumine et il propose une des solutions qu'on a déjà discuté auparavant (aller s'installer sur la grosse table ou dans sa chambre ou encore donner un ou deux morceaux de son jeu à Paul, à côté de lui).

Ou encore le partage. Le partage! Ah lala. P veut la pomme de H, se débat pour l'attraper et pleure. Il a déjà mangé toute sa pomme. Je lui dit "P, je vois que tu veux encore de la pomme. Tu as déjà mangé toute ta pomme et tu en veux encore, ce n'est pas facile! Celle-là, c'est celle de H. C'est lui qui décide de la partager avec toi ou non". Je vous dit, ça, ça a sauvé bien des crises dans l'autobus en revenant de la garderie. L'effet de ces phrases sur H (bien que dites à P)? Il dit à P, presque chaque fois, quelques minutes après : "P, tu en veux encore? Tiens, prends une bouchée".

WOW. Le même genre de scénario est arrivé à mainte reprise pour la maudite autobus en plastique. MERCI, nouvelles tournures de phrases.

Je vous dit, rien n'est parfait, mais intégrer ces petites façons de répondre à nos enfants à aider à rendre la dynamique familiale beaucoup plus calme, sereine, zen. Les enfants s'entendent mieux, finissent par jouer ensemble et rire aux éclats. Je réalise également que ça aide à développer l'empathie.

Quand j'entends H dire à P "Oh, ça ça doit faire mal Paul, es-tu correct?" mon coeur éclate, carrément.

Elisabeth Simard