LA JOIE DU MONOTASKING
La simplicité, pour moi, ça ne se passe pas seulement autour de ce que l'on possède, de ce que l'on crée ou de ce que l'on fait. Ça se passe énormément entre nos deux oreilles. Ainsi, depuis quelques années, j'apprends les joies du monotasking.
J'essaie de mettre un stop, plusieurs fois par jour, à l'esprit charcuté par les milliers d'idées simultanées, aux mains qui font tout en maintenant.
Toute ma vie, on m'a félicité parce que j'étais efficace. Je menais plein d'affaires en même temps pis ça fonctionnait super bien. Puis, comme vous le savez, sont arrivés mes enfants. Oh, une mère, ça multitask! C'est tout le temps en train de faire un tas de choses en même temps.
Ça m'épuise tellement l'idée que je dois toujours tout faire en même temps, même si j'en ai la capacité. En fait, je ne l'ai plus autant. Avec la fatigue et surtout cette toute autre façon de percevoir la vie et le temps maintenant que j'ai une grande famille et que je tiens à notre état de doux, ça fait quelques années disons que je n'ai plus envie de me sentir comme cette pieuvre ultra efficace, pleine de superpower. Nope. Ça m'épuise.
Je pense que ça nous épuise toutes, mentalement et physiquement. On est conditionné à penser que c'est comme ça qu'on est supposé de vivre. Pas le choix. Really?
Si vous êtes avec moi depuis un certain temps, vous savez qu'avec la venue d'Henri j'ai entrepris un très grand processus de simplification de nos vies, de façon matérielle mais aussi - surtout - mentale.
Cheminer dans la simplicité, lentement, mais sûrement, nous aide grandement à nous lier entre humains et de prendre un bon pas de recul face au chaos associé à la vie de famille moderne. C'est sûr que chez moi aussi ça dégénère parfois. Tsé, avec trois petits de 4 ans et moins, dont un 3 ans remplis de grandes émotions et un 8 mois à tendance BABI, quand ça va mal, disons que ça va vraiment mal...mais globalement, la vie est bonne et douce ici dedans. Globalement. J'ai aussi une plus grande tolérance aux aléas de la vie avec des tout-petits, mais quand même, c'est rarement un tourbillon où je veux m'arracher les cheveux. Surtout, ce n'est pas cela qui défini notre vie quotidienne. Ouf.
Une des choses qui m'aident beaucoup, c'est donc de me concentrer sur une chose à la fois. Ouep, j'ai beau avoir une grande liste de choses à faire comme tout le monde, je choisi souvent d'en faire une à la fois, au complet. De changer, lentement, mon mindset de fille multitâches vers la tâche solo. Autant pour des tâches insignifiantes (qui le deviennent vraiment moins quand on y pense un peu) que pour des tâches importantes.
Comment changer notre mindset?
Je trouve que c'est la partie la plus importante : son état d'esprit. Réaliser que la vie est bonne quand on prend son temps et surtout qu'on réalise qu'on peut le faire, dans certains aspects de notre vie, du moins.
Ça me fait penser à ma vie universitaire. On alllait toujours manger des sushis entre amis et je tenais mordicus à ce qu'on mange les morceaux en même temps, lentement et qu'on se dise à quel point c'est bon à chaque fois. Lolilol. N'empêche, ça faisait une énorme différence entre vraiment apprécier notre repas versus rien voir aller et avoir tout mangé sans rien réaliser.
"Life is better when savored, work is better with focus"
Être indulgent envers soi
Je ne dis pas que je fais toujours tout en monotasking, ce n'est pas toujours réaliste. Toutefois, de le faire de plus en plus souvent est vraiment un outil puissant. Je sais bien que ce n'est pas nécessairement réaliste de ne faire qu'une chose à la fois en tout temps, mais de le faire de plus en plus régulièrement apporte une vague de douceur instantanée.
Le plus souvent que je peux, j'essaie de ne faire qu'un avec la moindre tâche, d'y porter mon entière attention. C'est un défi de taille pour les adultes-parents hyper efficaces et sollicités que nous sommes tous! Ça fait donc beaucoup de bien, et ça s'intègre de plus en plus fréquemment dans mon quotidien.
C'est un des trucs qui m'aide particulièrement à avoir l'impression d'arrêter le temps tellement ça apaise l'esprit.
Je sais, pour certains, ça peut paraitre vraiment pas très important. Pourtant, à mon sens, ça ajoute fortement à ma charge mentale d'essayer de penser à tout en même temps, et de tout faire en même temps (en fait je ne fais jamais tout. Vivre le lâcher prise!). Une chose est certaine, plus je fais de choses en même temps, plus je perds rapidement ma concentration, mon idée première, la qualité de ce que je fais, mon bien-être et mon efficacité. Ouep. Ça affecte mon EFFICACITÉ. Je suis moins "productive" quand je fais tout en même temps. C'est d'ailleurs de plus en plus démontrer que plus on en fait en même temps, moins on est efficace.
Quand je travaille (même si je suis en congé de maternité de ma job de professionnelle en poubelle et de ma job de photographe, je travaille pas mal quand même avec la rédaction de mon livre et le magazine) : j'essaie de déterminer des moments précis pour travailler et pour faire les tâches quotidiennes que j'ai à faire, une à la fois.
Le plus difficile pour moi est de ne travailler que sur un projet à la fois. J'en mène plusieurs, c'est facile de laisser toutes les pages de mon ordinateur ouvertes et de glisser d'un projet à l'autre au gré de la spontanéité de mon cerveau. C'est dans ce temps là que je finis par ne rien faire.
J'aime beaucoup baser ce que je ferai de ma journée en fonction de comment j'ai envie de me sentir cette journée-là, sur mon ressenti, sur mes désirs, les émotions ou traits importants pour moi. Ça fonctionne à merveille.
Je ne me liste pas beaucoup de choses à faire par jour, 2 ou 3 actions. Je n'ai que deux micro siestes d'Oscar pour les faire (insérer ici un rire jaune), mais si par malheur je laisse mon esprit dériver sur quelque chose d'autre, je finis par ne rien faire et là, il y a toutes les chances pour que je me sente comme de la crotte plutôt que de me sentir comme j'avais envie de me sentir ce matin-là. Je dois fermer les courriels, toutes les pages Web qui me sont inutiles, Facebook et Instagram si je veux travailler efficacement (encore ce mot!), sentir que je fais avancer mes projets et passer ensuite à autre chose, à ma vie tangible et palpable.
Essayer de travailler en m'occupant de mes trois enfants en même temps est plutôt difficile, sauf pendant les siestes et les moments de jeu très intense. Dans ce dernier cas, je ne fais qu'une petite tâche brève, sinon je serai déçue et j'essaierai de continuer même quand le "moment" est fini, ce qui ne fonctionne jamais pour moi. Je deviens alors inattentive et réactive plutôt qu'ouverte, posée et réceptive.
Je remarque que, souvent, quand je suis frustrée et que je me sens comme si je n'avais pas une minute à moi, c'est souvent parce que, cette journée-là, je n'étais pas présente mentalement dans ce que je faisais et que j'ai essayé de faire trop de choses en même temps au lieu de me concentrer.
Ça m'arrive de moins en moins souvent car je me développe des outils pour que ça fonctionne mieux et surtout, parce que j'en ai pris conscience. C'est souvent ça, le plus difficile. On se fait tellement bombardé d'idées d'efficacité et qu'on peut tout faire, blablabla, que bang, on ne comprend pas pourquoi NOUS, on pète notre coche solide. Y'a de quoi péter sa coche, je trouve.
Et ne faire qu'une chose à la fois, ça se passe à tellement de niveau dans ma vie, que ce soit les tâches quotidiennes liées à la maison, aux enfants, la nourriture, le ménage, tout.
C'est la même chose avec mes tâches de maison ben ben ordinaires. Les enfants le savent : quand on fini de manger, on apporte tous nos trucs au comptoir et moi (ou mon chum, là), on ramasse et nettoyons la cuisine et la salle à manger au complet à ce moment pendant que eux, ils jouent. On "clanche" pour qu'après, on relaxe et qu'on n'y pense plus du tout avant le lendemain matin. Et quand je plonge mes mains dans l'eau pour faire la vaisselle, je me concentre un petit moment sur la chaleur de l'eau, l'odeur douce du savon, la belle mousse et la vaisselle qui reluit. Ça l'air niaiseux, mais ça fait une grande différence dans le moment où on fait cette tâche.
Quand je fais une chose à la fois, non seulement je me sens mieux, mais je suis beaucoup plus efficace pour faire ce que j'ai à faire et ensuite donner ma pleine concentration, ma pleine énergie à mes enfants, à mon amoureux, à une amie ou à un projet x. Que ce soit aussi insignifiant que de ne pas toucher mon cellulaire pendant que je discute avec quelqu'un, ça fait une énorme différence.
C'est la même chose aussi avec mes minis. Si un pleure pour une raison ou une autre, il vaut mieux pour moi de m'y concentrer, d'y donner pleinement mon attention. J'ai une meilleure compréhension de la problématique et je peux mieux guider mes enfants à travers les apprentissages de la résolution de problème et la compréhension de leurs grandes émotions. C'est tellement gros et pourtant, on ne met pas d'emphase là-dessus ben ben dans notre monde d'aujourd'hui, il me semble.
En tout cas, chez moi, ça fonctionne pas mal mieux quand j'arrête ce que je suis en train de faire (dans la mesure du possible, évidemment, mais tsé, arrêter de laver la vaisselle, c'est toujours possible pour cette importante partie de la vie de mes enfants, malgré ce que je viens de dire plus haut!) pour me mettre à leur hauteur, comprendre la problématique et apporter le support adéquat. Ça passe pas mal mieux et plus rapidement que si je cris à travers la pièce "Donne-lui dont son jouet!" ou "Ça vaaaaaaaaaaa?". Nope, ces techniques là, ça marche pas pentoute. Une chose à la fois, en totalité.
Oh well, je parle dont ben.
J'aime ça, faire, dire, voir ou entendre une seule chose à la fois. Ça rend le quotidien plus palpable, les moments plus tangibles, la vie moins chaotiques. Je me développe des trucs pour y arriver (je vous les partage dans un prochain billet), ça fait du bien, c'est plein de bénéfices :
- meilleure concentration
- une concentration plus profonde
- une plus grande appréciation (même quand la tâche est dull!)
- moins de stress
- moins de ce sentiment désastreux d'être tiré à gauche et à droite et de vouloir s'arracher les cheveux