Elisabeth Simard

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QUOI FAIRE QUAND ON SE SENT "TRIGGERED" PAR NOS ENFANTS?

Wow merci pour tout l'amour que j'ai reçu suite à mon billet de la semaine dernière, où je partageais de façon plutôt vulnérable que j'étais dans une période où j'étais plus facilement "déclenchée" par certains comportements de mes enfants. Si je sais pertinemment que le comportement est une chose séparée de ce qu'EST mon enfant et, qu'à leur âge, ce comportement cache une émotion ou une problématique plus profonde que simplement ce que j'ai devant les yeux, il m'arrive - comme à tout être humain! - d'être triggered par ces comportements et de perdre mon calme, ma patience et de réagir d'une façon inefficace et qui ne construit en aucun cas la relation que j'entretiens avec mes enfants. Nous avons tous des éléments que nous trouvons inacceptables et qui déclenchent le pire en nous : des soupirs, de l'exaspération, des cris, des mots que l'ont regrettent ensuite. Bien que généralement je sois apte à me détacher du comportement afin de réagir dans le calme et comprendre la situation pour y répondre adéquatement, ben...comme tout humain, des fois je pète juste ma coche.

Aujourd'hui, j'ai eu envie de partager avec vous des choses que je fais quand je sens que je suis triggered (ou que je vais l'être) afin de ne pas tomber dans le tourbillon de la réactivité mais plutôt de demeurer calme, détachée du comportement, connectée à mon enfant.

Récemment, mes enfants se chicanent plus qu'à leur habitude. Il y a beaucoup de noms pas super gentils échangés entre eux. Un veut jouer seul, l'autre veut jouer avec lui quand même et la chicane commence. Je trouve difficile le manque de respect de la bulle de l'un, de la blessure que l'autre ressent face à ce rejet et évidemment tout ce qui entoure ce genre de situation. Le manque de respect est quelque chose que je ne tolère pas. Dans mon enfance, le respect des autres, le respect des ainées, étaient quelque chose de très présent. C'est imprégné en moi et parfois ça teinte mes réactions puisque ça vient me chercher énormément. Le respect est vraiment important pour moi, mais je tiens à questionner ces idées reçues tout de même. Le respect des ainés ne devrait pas prendre le dessus du respect des enfants. Le respect de tout être humain est hyper important, etc. Je suis aussi triggered par d'autres trucs, comme le bordel et les cris. Je comprends de plus en plus à quoi tout cela est lié.

Parfois, ça génère de mauvaises réactions en moi, des réactions que je regrette ensuite. Mais je tiens à ne pas m'assoir sur ces réactions. Ce n'est pas productif, ça ne me fait pas évoluer comme humain, ça n'aide pas mes enfants. Personne n'en ressort grandi ni connecté. J'aime mieux revoir ce qui se passe en moi, voir si je laisse la place à l'émotion que je vis, sans réagir à cause d'elle, simplement en la laissant vivre. J'essaie aussi de comprendre pourquoi ces éléments provoquent en moi ces réactions.

J'ai donc envie de discuter de ce que l'on PEUT faire dans ce genre de situation. Pour demeurer connecté à soi et à nos enfants et en leur apprenant, en les accompagnant adéquatement dans ces apprentissages importants :

Comprendre POURQUOI on se sent provoqué, pourquoi on est triggered par le comportement devant nous. Pourquoi nous réagissons fort devant une situation. Est-ce lié à notre passé lointain? À des manques que nous avons vécus? Des traumatismes? J'essaie de respirer et de réellement réfléchir à cette situation et à pourquoi ça vient tant me chercher. Je permets à mes émotions de vivre et j'essaie de m'y connecter et de les comprendre. Pourquoi ma réaction est disproportionnée par rapport à la situation? Aie-je d'anciennes blessures qui y sont rattachées? Des peurs liées? Des insécurités? On peut alors se demander à quoi on réagit, exactement. Personnellement, quand j'étais petite, j'étais une petite fille toute gentille, qui faisait tout ce qu'on lui demandait et qui allait au-delà des besoins des autres. Je disais peu de choses déplacées. Pour moi, c'était comme un symbole de l'amour de me faire dire que j'étais gentille et attentionnée. Même si je n'étais pas d'accord avec quelque chose, généralement, je ne disais rien ou pas grand chose (avec quelques explosions éparses mais rien de bien fréquent...). Bref, je pense que ça vient en partie de là. Pourtant, avec mes yeux d'adultes, je vois bien que de ne jamais rien dire de déplacer pour ne pas déranger n'est en aucun cas un symbole d'amour. Mais je pense que je suis triggered en partie par cela, ce manque de moi qui prend ma propre place.

Une fois qu'on a idée de ce qui nous fait réagir au-delà du comportement comme tel, on peut se permettre de réécrire l'histoire, afin de gérer ces blessures et de passer à autre chose. Il peut être pertinent de s'assoir et d'écrire dans son journal ce qui se passe, notre perception de tout cela, etc. C'est un processus sain qui aide vraiment à faire sortir le méchant, à le comprendre puis à créer autre chose pour nous à partir de cela. Un bon livre qui aide beaucoup dans ce processus est Positive Parenting: An Essential Guide. Ça n'a pas besoin d'être trop intense, mais juste de prendre quelques minutes pour visiter ces émotions, leur permettre de vivre, de les comprendre et de les écrire nous fait grandement cheminer. Personnellement dans ce cas-ci, je peux revisiter comment le respect était important dans mon enfance, comment j'ai vécu du rejet et de l'intimidation à l'école primaire (ouep, fun times), comment je réagissais avec tout cela, etc. Je peux ensuite venir écrire ce que je pourrais en retirer, comprendre et des nouvelles façons de percevoir ce que vivent mes garçons par rapport à ce que moi, je perçois versus la réalité.

Quelque chose que j'aime faire et qui me vient de ma formation Simplicity Parenting est d'imaginer la même situation mais de façon idéale. Si mes enfants se chicanent et se manquent de respect l'un envers l'autre, comment j'aimerais réagir? Comment j'aimerais les accompagner? Comment j'aimerais que eux réagissent? Imaginer le changement aide à cheminer vers ce changement.

Maintenant que j'ai imaginé la situation, quel changement - tout petit changement - est-ce que je peux mettre en place pour m'aider à cheminer vers cette situation? Est-ce que j'ai besoin d'un rappel visuel de prendre un grand respire et de me détacher de la situation quand elle survient? Pour me rappeler qu'elle n'est pas personnelle à moi mais qu'elle appartient à mes enfants et que mon rôle est de les guider (et de modéliser!) une bonne gestion des conflits et du respect? On a besoin d'identifier UN PETIT changement afin d'enclencher un changement sans se sentir complètement dépassé par tout cela.

Surtout, ce n'est pas le temps de se culpabiliser et de se dire qu'on est poche ou un mauvais parent. L'important ici, est d'être bienveillant envers soi afin de che-mi-ner et non pas juste s'assoir sur notre culpabilité, se sentir poche et comme de la merde puis recommencer encore et encore les mêmes patrons. Juste le fait de s'ouvrir à ces questionnements et de vouloir faire autrement est un grand pas. Soyons compatissants envers nous-mêmes, sans tomber dans l'auto-apitoiement afin d'envoyer la bonne énergie, la bonne vibe pour nous et pour nos enfants. 

Évidemment, je pense qu'il est important de s'excuser à nos enfants si nos réactions ont dépassé les limites du respect que nous désirons modéliser pour nos enfants.

" Becoming nonreactive starts with awareness that what we have until now considered "just the way we are" is in fact not at all who we really are, but the product of unconsciousness. The process of losing our reactivity accelerates as our awareness deepens. [...] I expect to be triggered, entangled, overwhelmed, and to engage in these occasions to evolve as a person and to help my children evolve as well". 

- Dr. Shefali Tsabary PhD

The Conscious Parent: Transforming ourselves to empower our children