Elisabeth Simard

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ACCOMPAGNEMENT À LA PROPRETÉ (partie 1)

Ah la propreté! Le rêve de tout parent, non? Plus de couches à changer,  laver ou acheter, un enfant qui grandit en autonomie. Du bonheur. 

Selon Maria Montessori, la période sensible pour la propreté chez l'enfant serait entre 12 et 18 mois. Ça va tellement dans le sens contraire de ce qu’on entend et voit en général autour de nous. Pourtant, je l’ai remarqué chez mes deux garçons : Henri, vers 16 ou 17 mois, a montré un fort intérêt, Paul lui, dès ses 12 mois. Ils parlaient de la toilette, nous indiquaient quand il faisaient pipi ou caca, demandaient à être changé, venaient avec nous à la toilette et désiraient tirer la chasse d'eau, s'amusaient à s'assoir sur la toilette, etc. 

À ce moment, pour Henri, avec un nouveau-né sur le point d’arriver et pas longtemps après, dans les bras, l'idée de le guider vers la propreté m'a effleuré l'esprit mais je n'en avais pas l'énergie. Je n’étais pas très renseignée non plus, alors je ne croyais pas vraiment au projet. J’ai laissé tomber l’idée. 

Vers ses 27 mois, on a fait un semblant d’entraînement à la propreté. Ça s’est super bien passé, ça n’a pas pris beaucoup de temps, mais puisqu'il était complètement sorti de sa période sensible, il a tout de même fallut le convaincre de débuter le tout et on a eu droit à quelques petits refus. 

Pour préparer cette grande étape, j’ai beaucoup lu. Les trucs, les histoires des autres, les différentes approches. En lisant un peu sur l'historique de l'apprentissage de la propreté à travers les époques, j’ai réalisé  que j'aurais bien aimé me renseigner avant sur le sujet afin de mieux guider H vers cet apprentissage pendant qu'il était dans sa période sensible. 

Il est clair qu'en attendant l'âge de deux ans et demi ou trois ans, l'intérêt naturel de l'enfant pour la chose est un peu dépassé. Ils ont tellement d'autres intérêts à cet âge qu'il peut être frustrant pour eux d'être soudainement dérangé pour aller sur le pot. 

J’ai particulièrement trouvé intéressantes ces informations qui relatent brièvement l’historique des différences de perception de la propreté au fil du temps, d'il y a à peine 50 ans jusqu'à nos jours modernes, dans notre société de gaspillage où tout va à la poubelle. Il ne faut pas se leurrer, tous les enfants vont selon un rythme qui leur est propre et je ne dis pas que tous les enfants seront propres à 12 mois si on lit ceci. Ce sont des éléments de réflexions que je trouve bien intéressants, et qui m’ont donné envie d'essayer quelque chose de différent pour Paul.

Par le passé :

  • les couches jetables étaient nouvelles sur le marché, la plupart des gens utilisaient des couches de coton, qui permettaient à l'enfant de se sentir rapidement inconfortable lorsqu'il souillait sa couche.

  • Les enfants étaient, grâce aux couches de coton, conscients de leur processus d'élimination dès la naissance ou à peu près.

  • les couches lavables modernes sont super bien conçues (yé!). Auparavant, les couches lavables en coton n'étaient pas aussi pratiques, nécessitaient beaucoup d'entretien. Les parents n'étaient donc pas vraiment intéressés à garder les enfants en couche trop longtemps. Le plus vite ils étaient propres, le plus rapidement cette tâche supplémentaire disparaissait (ou les couches devenaient disponibles pour le 13e enfant...)

  • en conséquence, le processus d'apprentissage de la propreté se faisait plus rapidement, autour de 18 mois.


 Aujourd'hui :

  • Les couches jetables n'aident pas l'enfant à prendre conscience de son processus d'élimination. Elles sont "trop" performantes en termes d'absorption. De plus, lorsque l'urine entre en contact avec le produit qui la rend plus absorbante, une sensation agréable de chaleur est créée. Certains enfants aiment cette sensation.

  • Puisque les enfants donnent moins de signaux concernant leur processus d'élimination qu'auparavant et qu’ils perdent donc un peu leur connexion avec leur processus d’éliminations, les parents sont encouragés à attendre les signaux clairs (comme des paroles ou des gestes) plus clairs autour de 30-36 mois.

  • Les garderies ont tendance, et c'est correct ainsi, à changer les couches à des moments précis de la journée plutôt qu'au gré des besoins des enfants. Les enfants restent donc dans leur couche souillée plus longtemps qu'auparavant.


J’ai donc fait les choses un peu différemment pour P, une histoire que je vous partagerai dans mon prochain billet. En plus des lectures, la situation de Paul était bien différente de celle de H, dès sa naissance. H a eu la chance de passer le plus gros de sa période sensible aux couches lavables, ce qui lui permettait de bien sentir lorsqu'il était mouillé et me forçait à le changer plus régulièrement. Il est souvent entendu qu'un petit aux couches lavables ira probablement plus facilement vers la propreté puisqu'il sent beaucoup plus son contact avec l'urine que dans une couche jetable moderne un peu trop performante. P est extrêmement sensible du popotin et ne peut être en couche lavable. Je sais, c'est un peu surprenant mais c’est la réalité. Je dois donc le changer constamment et porter une attention particulière à ce qu'il ne reste pas dans son urine et surtout pas dans son caca. 

On va se le dire, il faut se dégager du temps pour accompagner son enfant dès son plus jeune âge dans l’apprentissage de la propreté. Et rien n’indique non plus qu’il sera propre plus rapidement qu’un autre. Chaque enfant est différent. Je trouve toutefois que ça vaut le coup d’investir son attention dans cet élément important pour bien accompagner l'enfant dans l’apprentissage important qu’est le soin de sa personne. 

S'armer de patience, s'attendre à ramasser des dégâts et en rire. S’en détacher, surtout. Chanter des chansons, danser comme des fous après chaque pipi réussi.

Prendre son temps.