Elisabeth Simard

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DE CONGRUENCE ET DE COHÉRENCE

Moment de pure joie entre les enfants et moi capté par @petor23 à notre insu, hier.
Cette photo représente ce que je tente de cultiver, jour après jour, de vivre cette congruence émotionnelle, moment par moment.

D'aligner ce que je ressens intérieurement à la manifestation de ces ressentis à travers le monde visible, ce que je fais, ce que je dis, ce que j'exprime, ce que je choisi. Cet alignement, cette cohérence, cette congruence intérieure/extérieure de ce que je ressens me permet d'être réellement ICI, présente, avec eux.

Ils sont libérés du fardeau de MES émotions. Du fardeau de ce que moi, je vis. Me libérer de fausses croyances et de vieilles blessures et réaliser à quel point chaque morceau libéré me ramène profondément dans cette cohérence est oui, un immense cadeau pour moi, mais surtout pour eux. Cela les LIBÈRE. Leur permet d'être eux, entièrement.

Par exemple, H a pleuré pendant notre hike. Je ne connais pas le dénivelé, mais pendant un bon bout, ça montait pas mal à pic. On venait de marcher déjà pendant deux heures. Il s'était couché super tard la veille. Il a pleuré et s'est assis. Ne voulait plus avancer.

Plusieurs possibilités ici. Lui dire "ben voyons, t'es capable". "let's go, t'es fort, tu peux!"
Se fâcher, aussi, car il ralenti le groupe. Parce qu'il voulait tellement venir. Parce que moi j’ai envie de continuer. Le faire se sentir poche, parce que son frère de 3 ans, lui, marche sans broncher depuis le début. Lui dire "tant pis, nous on continu ».

Tout ça, ça aurait été de m'approprier ce que lui est en train de vivre, en quelque sorte. Je les ai senti monter en moi, j'ai accueilli ces pensées mais je les ai laissé me quitter, me traverser. Sans agir dessus, ce ne sont que des pensées associées à des émotions qui elles sont liées à des scénarios. Pas à la réalité.

Je me suis assise près de lui, j'ai accueilli, simplement, en silence, ce qu'il exprimait. Les autres ont continué d'avancer doucement. J'ai écouté mon intérieur, l'irritation monter parce que là ça faisait au moins 10 minutes qu'on était assis et je commençais à me sentir moins empathique. Je me suis rappelé que ça ne m'appartient pas, qu'il peut se sentir comme ça, c'est son droit entier. Mon empathie et ma compassion sont revenues.

Je l'ai pris dans mes bras. Je l'ai bercé. On est resté ainsi pendant 5 minutes de plus. Il ne pleurait plus, je sentais sa respiration douce et profonde, régulière à nouveau. Il s'est levé, m'a regardé et m'a dit "allons-y". Nous avons marché à son rythme. Sans le réaliser, nos pas se sont accélérés, nous avons rejoins le reste de notre gang.

Quelques minutes plus tard, nous avons trouvé cette roche plate. Paul a proposé de se coucher dessus pour faire semblant que nous étions des fées dans la forêt qui faisaient la sieste. Ça a mené à un fou rire collectif. Plus personne n'a bronché du reste du trajet, qui s'est fait en chantant, en riant, en explorant. À la vitesse des pas de chacun.

"At the age of two years, the child has a need for walking that most psychologists fail to consider. He can walk for a mile or even two, and if part of it is up-hill, so much the better, for he loves to go up; the difficult points in the walk are the interesting ones.

But adults have to realize what walking means to the child; the idea that he cannot walk comes from the fact that they expect him to walk at their rate, and when he cannot, from the shortness of his legs, keep up, they pick him up and carry him to get the quicker to their goal.

But the child does not want to get anywhere; he just wants to walk, and to help him truly the adult must follow the child, and not expect him to keep up. The child has his own laws of growth, and if we want to help him grow, we must follow him instead of imposing ourselves on him."

- Maria Montessori