CADEAUX, ENFANTS ET MINIMALISME #noeldoux
Les cadeaux! Un grand sujet autour des fêtes, que l’on souhaite simplifier et ralentir ou non. La quantité, les attentes, la qualité, la surabondance, le suremballage…les cadeaux, c’est un gros élément des fêtes modernes.
Je trouve ça vraiment dommage, en fait, que la première chose qui nous vienne en tête quand on pense au temps des fêtes soit les cadeaux. Surtout quand notre première pensée ressemble plus à « les «()&%(*&# de cadeaux ». C’était pas supposé être vraiment doux et plaisant, offrir des cadeaux aux êtres chers? Comment ça c’est devenu la folie comme ça?
Un peu avant de devenir parent, nous avons entamé le dialogue avec nos proches par rapport à tout le matériel entourant la venue des enfants et notre désir de simplicité quotidienne. Nous avions tout deux menés des études en environnement, avions déjà des valeurs de développement durable qui guidaient plusieurs de nos choix de vie. Tout cela s’est approfondie avec l’attente de notre premier enfant, et, évidemment, cela concernait également le temps des fêtes et les anniversaires.
Je suis contente que notre quête de simplicité se soit installée chez nous avant l’arrivée des petits. Elle aide beaucoup par rapport au temps des fêtes moderne et toute sa frénésie. Toute sa performance et son spectacle. Ça aide à nous guider nous-mêmes, ça aide par rapport aux attentes et habitudes de nos enfants et ça aide par rapport à l’entourage.
Loin de nous l’idée de gâcher le Noël de qui que ce soit, d’être glauque et désagréables. Tout ce que l’on désirait, c’était de ne pas se sentir envahis, ensevelis, dépassés, fauchés. De ne pas sentir que la consommation avait pris la place de la connexion dans nos rituels. On voulait profiter de la douceur des fêtes, prendre notre temps, offrir des choses réfléchies et pertinentes. Que notre (maintenant nos) enfants grandissent dans un monde un peu moins axé sur la surabondance mais sur l’appréciation, l’être ensemble, la féérie.
Petite, je me rappelle très bien des décorations de Noël qui revenaient année après année. J’aimais particulièrement les décorations du sapin de Noël chez mes grands-parents paternels. Ils avaient de vieilles décorations et elles étaient vraiment spéciales à mes yeux. Je me rappelle encore de l’excitation de préparer de petits canapés, ma soeur et moi. C’était NOTRE responsabilité. Je me rappelle de la fondue chinoise qu’on mangeait chaque année. Sans. Exception. On était tellement contente. Pour nous, manger de la fondue, c’était de la haute gastronomie et c’était vraiment spécial. Je me rappelle de quelques cadeaux qui ont marqué mon enfance de longues années : ma boutchoux, un baladeur (cassette, bien sûr), un piano électronique. Pas tous en même temps. Ils étaient marquants, ils étaient fortement désirés. Et mes parents ont probablement dû en arracher pour nous les offrir. Je me rappelle de la chorale de l’église pour laquelle j’avais été choisie et dont j’étais si fière de faire partie même si on n’allait jamais à l’église. Je me rappelle qu’on faisait généralement des réveillons juste à 4, et qu’on allait dans quelques soirées de famille. Que j’aimais m’endormir dans la pile de manteaux sur le lit de ma grand-mère maternelle, sur sa couverture à motif rond-dedans-carré-deux tons-de-vert. En écoutant le bruit des joueurs de cartes dans la pièce d’à côté.
Il n’y avait pas de spectacle, pas de performance. À peu près les mêmes choses plutôt simples, chaque année. Des soirées en famille. Des jeux dans la neige. Une fois, un chalet.
C’était parfait.
Quand je pense à aujourd’hui, je me questionne sur les attentes qu’on crée chez nos enfants face à cette abondance. Le calendrier de l’avent rempli de surprises quotidiennes. Un lutin, qui chaque matin, surprend les enfants de concepts plus recherchés les uns que les autres. Le tas de cadeaux sous le sapin, sous TOUS les sapins, à chaque soirée ou presque durant le temps des fêtes. Il paraît que les Canadiens dépenseront environ 1000 $ en cadeaux cette année. Ok, ok, tout cet argent n’est pas destiné aux cadeaux des enfants, mais je ne peux m’empêcher de lever le sourcil.
Après 5 ans dans ce cheminement, il y a encore des cadeaux chez nous (il n’y a aucun mal à ce qu’il y ait des cadeaux non plus), il y en a encore un peu trop à notre goût mais les choses s’améliorent grandement au fil du temps. Ce n’est pas facile faire changer les traditions familiales et il est vraiment important, à mon sens, d’y aller doucement avec nos proches.
LES CADEAUX ET LES ENFANTS
Plusieurs parents autour de moi craint de « couper » dans les cadeaux pour enfants - ou encore ne savent plus donner de la tête devant l’abondance de cadeaux pour les enfants provenant de l’entourage, cadeaux qui, souvent, ne font pas l’unanimité. Que ce soit le type de cadeau, la quantité, le rapport avec le matériel que cela peut créer, il n’est pas évident de s’y retrouver, de ne pas créer des conflits ou de ne pas se sentir brimés dans nos valeurs en acceptant les yeux fermés, sans rien dire.
Il est possible de rêver et de réinventer le temps des fêtes tous ensemble. C’est tout un art que d’embarquer sa famille dans ses idéologies. Discuter de ces petites stratégies avec eux, y aller simplement, peuvent aider à ne pas se sentir envahi par le trop-plein occasionné par les fêtes et SURTOUT à influencer positivement le nombre et le type de cadeaux offerts par la famille (et nous mêmes, par la même occasion).
Nous aimons tous profondément nos enfants, nous adorons tous voir l’éclat de lumière dans leurs yeux, la magie, la féérie. Il y a d’autres moyens de créer cette magie que d’ouvrir un millième cadeau contenant un jouet. Ce désir profond que plusieurs parents ont provient du coeur, c’est une demande pleine d’amour, pour le bien des enfants.
Je suis persuadée que plusieurs des enfants de votre entourage n’ont pas réellement besoin de grand-chose. Que la salle de jeux déborde déjà, qu’ils ont tout ce qu’il faut pour jouer pendant des heures et se découvrir en tant que petit humain. Peut-être que votre entourage, sans trop s’en rendre compte, crée une certaine abondance autour de votre petit pour combler quelque chose qu’il n’avait pas étant petit. Soyons doux avec notre entourage, ça vient généralement du plus profond de leur coeur.
Voici des façons de présenter nos idées et des suggestions pour guider le choix/nombre de cadeaux destinés aux enfants, pour expliquer pourquoi nous sommes si nombreux à demander MOINS d’objets, plus d’expériences.
Moins il y a de cadeaux, plus c’est spécial
Ce n’est pas compliqué : un cadeau, ça rend heureux, ça rend la chose extra spéciale, l’attente excitante. Ça permet de rêver, c’est tellement spécial. L’enfant l’attend pendant des semaines. Puis, il est là, enfin, entre ses mains. Il le déballe. Wow, ses yeux brillent. Il remercie, s’installe et JOUE AVEC. Le cadeau est tellement bien choisi et intentionnel qu’il n’a pas besoin d’en avoir un autre. Le cadeau n,est pas noyé parmi 20 autres paquets plus brillants (même bruyant!) les uns que les autres.
Si l’enfant s’habitue très tôt à en avoir beaucoup, comment peut-il apprendre à apprécier d’en avoir un, d’en avoir un simple, de surcroit? Non seulement cela crée des attentes toujours plus grandes d’une année à l’autre, mais il deviendra de plus en plus difficile (voire même dispendieux) de lui faire plaisir puisque ses attentes grandiront de façon exponentielle.
Et puis, avec les bas de Noël, les petits sacs cadeaux par-ci, les dizaines de cadeaux déballés dans un party puis l’autre, les sucreries, les gâteries, la féérie…Où est la place pour le jeu, le plaisir, la découverte réelle? Non. L’enfant est pris dans un tourbillon, et plus souvent qu’autrement, il ne comprend même pas ce qui lui arrive. La fameuse crise, c’est souvent simplement du dépassement total, de la sursimulation que l’enfant est incapable d’exprimer autrement.
Nous avons le pouvoir de donner l’espace à notre enfant pour connecter avec le bonheur des fêtes sans se sentir complètement dépassé.
Less is so much MORE. Vos proches le savent, pour la plupart. Ils surtout excités, veulent faire plaisir, voir les yeux émerveillés de vos enfants. Je suis persuadée qu’ils se souviennent (si on les aide un peu) de leur propre enfance, du cadeau probablement unique qu’ils recevaient à Noël et comment ils trouvaient ça magique. Il faut juste les aider à s’en rappeler un petit peu.
Un jouet bien réfléchi, que l’enfant adorera, diminue son « besoin » d’en avoir plusieurs
Mes enfants ont plusieurs véhicules à faire rouler. Ils ont leurs habitudes et ils y sont très attachés. Ils jouent vraiment bien ensemble pendant des heures. Venir leur offrir des autos supplémentaires viendraient non seulement leur lancer le message que ce qu’ils possèdent n’est pas suffisant (inconsciemment, bien entendu), mais viendrait débalancer l’équilibre qu’ils ont crée en s’attachant à leurs véhicules qu’ils possèdent déjà.
Au lieu de se dire qu’on va acheter la même chose (ici des véhicules supplémentaires) parce qu’ils adorent vraiment ça, pourquoi ne pas compléter l’ensemble avec des choses complémentaires?
L’an dernier, au réveillon chez ma maman, Paul a reçu une petite valise contenant quatre casse-têtes de camion de pompier. J’ai réussi à filmer le moment où il déballait ce cadeau provenant de sa mamie chérie. L’expression sur son visage, ses yeux ébahie, j’ai encore les yeux plein d’eau devant son bonheur devant ce cadeau. Il était dans une période où il adorait les casse-têtes ET les camions de pompier. J’ai réussi, subtilement, à lui faire de la place sur le plancher et tout de suite, il a fait ses casse-tête. Toujours subtilement, j’ai demandé à ce qu’on attende avant qu’il n’ouvre le cadeau que ma soeur lui offrait. Il a fait des casse-têtes à répétition pendant 45 minutes et n’a jamais demandé un autre cadeau. Mon coeur était tellement plein de bonheur et de reconnaissance devant ce moment, et ma mère, sa mamie, était vraiment heureuse de voir le succès de ce cadeau bien réfléchi et non noyé dans l’effervescence de milliers de paquets. Less - but better - is more.
Dire clairement ce que nos enfants aimeraient
Préparer à l’avance une liste de suggestions de cadeaux, de sorties ou d’activités pour être prêt quand la famille commencera à parler de Noël. On peut emmener ça super subtilement « Oh! Gaston me disait à quel point il rêvait d’aller à l’aquarium cet hiver. Imagine si il y allait avec sa mamie! Ça serait une journée ultra spéciale pour vous deux! Je suis certaine qu’il s’en souviendra toute sa vie. » Dans mes prochains billets, j'aurai une liste d'idées cadeaux qui ne sont pas des jouets et des idées de stratégies cadeaux à adopter. Ça s'en vient!
Préparer nos enfants au changement
Si nos enfants sont habitués à la surabondance, il peut être intéressant d’entreprendre des discussions sur ce ralentissement plusieurs semaines avant le début du temps des fêtes. Dans des termes d’enfant, on peut aborder la question du matérialisme, de la surconsommation, du gaspillage, de la pauvreté, de l’entraide, de l’importance de la famille, des moments partagés, etc. Mettre de l’avant TOUT ce qui constitue le temps des fêtes et tout ce que notre enfant adore, pour faire ressortir l’ampleur de la magie des fêtes hors des cadeaux.
Évidemment, je n’arrêterais pas de donner des cadeaux drastiquement (de toute façon, mes enfants aussi ont un cadeau à Noël!) mais il y a de fortes chances que l’enfant ne réalise même pas que le nombre a diminué, surtout s’il a l’espace et la possibilité de profiter de ses cadeaux. Surtout, ayons confiance en nos enfants.